L'école


Les enfants s’amusaient, mais ils étudiaient aussi.
A l'école communale, les classes n'étaient pas mixtes. Les filles se trouvaient d'un côté, les garçons de l'autre.
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Classe des filles
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Classe des garçons
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Distribution de lait dans les écoles

L’institutrice de Mme Martin interdisait aux filles de parler aux garçons. Les unes avaient des maîtresses tandis que les cours des garçonnets étaient dirigés par des maîtres.
Les fillettes portaient des blouses boutonnées de haut en bas et les petits garçons en culottes courtes étaient parés de tabliers quelquefois gris, descendant jusqu'à leurs genoux maigrelets.
L'Etat avait pourtant mis en place un système de distribution de lait, et chaque élève recevait sa ration quotidienne de vitamines et de calcium.

Mme Benet parle de cette période de vaches maigres :
“J'étais à l'école Frédéric Mireur. A la cantine, il n'y avait pas de repas. Il y avait une grande cuisinière. Nous donnions chacune à Mme Cresta la petite gamelle et elle nous faisait chauffer la soupe. Elle était brave comme le bon pain ! Elle essayait que tout le monde soit bien.
En allant à l’école on portait le bois. Il y avait les grands poêles avec une grille autour et on portait sa bûche que nous donnaient nos parents pour que l’on n’ait pas froid.
Pour les chaussures, il y avait les galoches ou alors il y avait le marché noir. On nous faisait une paire de bottines en cuir avec des caboches en fer (des clous) dessous.
Et il y en avait beaucoup, peuchère, pour qui c'étaient des galoches. C'était l'hiver, on leur coupait le bout du soulier parce que le pied avait grandi, il touchait en haut.”

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Nous baptisions nos poupées

Ils étaient convenablement coiffés : les cheveux coupés en brosse, bien dégagés autour des oreilles. Quant aux jeunes demoiselles, elles se faisaient souvent une raie sur le côté, et leur coiffure était soutenue par un flot.

Les enseignants sévères, mais justes dans l'ensemble, vouvoyaient les élèves et les appelaient par leur nom de famille. Lorsqu'un adulte entrait dans la classe, les petiots devaient se lever.

Si les leçons n'étaient pas apprises, ils recevaient une punition. Ils allaient au piquet avec un bonnet d'âne. Et, quand ils faisaient les pitres, ils se faisaient taper sur les doigts avec une règle.

Les écoliers écrivaient au porte-plume. L'encrier était fixé au bureau.

Mme Martin avait :
“Une très bonne institutrice. Elle nous donnait beaucoup de leçons à apprendre, pas beaucoup de devoirs car elle disait que c'était les parents qui les faisaient”.

Les professeurs s'investissaient différemment et les enfants étaient plus enclins au respect exigé par les adultes.

Les établissements scolaires étaient fermés le jeudi, au lieu du mercredi.

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Livre de lecture
Archive Musée de l'Artillerie
Draguignan

Tous les lundis matin, les institutrices et les instituteurs avaient copié sur le tableau noir une phrase de Morale, en guise de bienvenue pour débuter la semaine. Il fallait la comprendre et l'expliquer.

La jeune Irène Carovani aimait bien ces leçons :
“A Mireur, j'adorais l'instruction civique où l'on apprenait comment se conduire. La propreté aussi. On écrivait au porte-plume, l'encrier était fixé au bureau. L'enseignant s'investissait à tous les niveaux avec les enfants, Le respect pour le maître ou la maîtresse était de mise”.

Ces enfants de la guerre, étaient-ils meilleurs élèves que de nos jours ?
Une chose est sûre, ils accordaient plus d'importance aux cours de français.
Etaient-ils disciplinés ? Sûrement. Mais on peut penser que de tout temps, quelques marmots remplis de malice, s'arrangeaient pour ordonner des bêtises à d'autres plus turbulents.
Sur les photographies scolaires, l'air solennel, ils ne souriaient pas. Etaient-ils conscients du drame mondial ? Imploraient-ils le retour de leur père ?

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Les chevaux de bois

Il n'empêche, à la récréation, ils s'ébattaient dans l'espace qui leur était réservé avec interdiction formelle de se cantonner dans le préau, sauf par temps de pluie. Car gare aux oreilles. En piaillant, ils se rassemblaient, jouaient à la marelle, à la corde à sauter, faisaient des rondes, se couraient après, s'amusaient aux billes, aux mentillons. Il y avait toujours une ou un solitaire, en retrait, restant au bord de la ligne autorisée, appuyé contre le poteau, qui observait grave et lointain, ses camarades.

Quand ils avaient terminé d'aider leurs parents, après l'école, les galopins s'amusaient avec peu de choses.

Mme Benet adaptait la Nature à ses envies :
“Nous allions près du parc de la Préfecture, au champ Achard. Il y avait un ruisseau qui coulait surtout l'hiver. Et quand on arrivait à ce ruisseau, il y avait une petite glace parce qu'ici il n'y a pas des hivers à faire -15°C. Il faisait quand même un peu plus froid que maintenant. Il y avait un peu de neige de temps en temps pour faire du patin.
Alors, on tombait, on arrivait en retard, la bûche mouillée et nous les pieds trempés.
Le soir, je mettais les pieds dans le four pour les engelures. Ma grand-mère faisait bouillir de l’eau de céleri et je trempais les pieds dedans.”

Et M. Ferrier s'échappait avec des copains :
“On était trois garçons dans le quartier. On allait manger quatre cerises, on faisait des blagues ensemble. On se rejoignait. Pendant la guerre, on allait à pied se baigner dans l'Endre à la Motte. Une heure trente, trois heures de marche aller-retour pour prendre un bain. Ensuite, on a eu un vélo.Pendant la guerre, on n'avait pas de pneus. On ne pouvait donc s'en servir. On pouvait s'en procurer avec de la nourriture. Donnant, donnant, on échangeait.”

Yvette Bonnay rendait service à sa voisine :
“Elle avait un bateau en fer, réplique du Normandie. Quand je lui faisais des courses, elle me le prêtait. Et je le faisais naviguer dans le ruisseau qui rejoignait l'égoût. Parfois, il était arrêté par une tournée de petits coudes, de carottes. Ou les jeudis, avec mes copines nous baptisions nos poupées. Chacune apportait des bonbons. Pour avoir une pièce, je faisais des courses pour tout le monde. Une voisine qui n'avait pas de monnaie me dit :
– “Tu ne veux pas un canard ?”
Je réponds :
– “Oui, oui” en m'imaginant l’animal.
Elle me rétorque :
– “Je suis désolée pour le canard, mais je n'ai plus de sucre.”
J'ai compris, longtemps après, que le canard c’était un sucre imbibé d'alcool !”

Mme Martin apprenait déjà à danser :
“Pendant la guerre, les amis venaient à la maison danser, car on n'avait pas droit aux bals. A dix ans, je savais danser. Je le faisais avec ma mère. Nous avions une institutrice, une bigode. J'apprenais à danser à mes copains. Elle nous interdisait de les fréquenter, mais moi j'étais entourée de garçons à la maison et je n’y voyais aucun mal. Les balances promettaient de ne plus recommencer jusqu'au certificat d'études. Moi, je promettais de ne pas y retourner jusqu'au prochain dimanche. Mais il y avait un monsieur qui me faisait danser toutes les danses, la polka, la java, la valse, la scottish, la mazurka piquée, et hop ça y allait !”


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