Le retour à la paix


Après cette épopée chaotique, le monde tendu de contraintes enfin libérées s'est laissé aller à de vils instincts, mais en compensation, d'autres hommes ont montré leur générosité et leur courage.
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En attendant les secours

M. German fut de ceux-là, parmi celles et ceux qui risquèrent leur vie pour la liberté !
Il a soigné les occupants.
“Le 21 ou 22 août 1944, les Américains avaient tiré sur les Allemands à Fayence.
J'ai volé une grosse ambulance lourde aux Allemands en compagnie d'un homme dénommé Grégoire qui vendait des légumes sur le marché.
Je suis parti à Fayence avec Mmes Cisson et Cazelles, et Simon, préparateur en pharmacie que j'avais emmené au maquis d'abord. C'était fini depuis le 17. Pour moi, c'était une récompense.
Nous nous sommes arrêtés en bas de Fayence. Des arbres avaient été abattus, et nous avons dû passer par le village de Brovès pour arriver à Bourigaille où se trouvait le PC des FTP de Fayence et de Montauroux… tout ce coin là.
Une centaine de FTP étaient présents et un capitaine français parachuté qui s'était cassé la jambe. Il fallait le soigner à Draguignan.
– “Mais qu'allez vous faire ?” me demande le capitaine.
– “Je transporte les blessés en ambulance.”
– “Mais vous êtes fou !”
J'avais effacé Deutsche Wechmacht et inscrit Comité Médical Dracénois, avec un drapeau bleu blanc rouge d'un côté et le drapeau de la Croix-Rouge de l'autre. Nous avançons sur le chemin de terre. Quand tout à coup, nous rencontrons une chicane avec deux charrettes sur le chemin. Une tête apparaît soudain surgie d'un trou d'hommes. C'était un Allemand armé d'un fusil. Puis une autre tête a surgi, et encore une autre. Nous sommes passés entre deux colonnes d'Allemands. Nous zigzaguons pour passer la chicane et nous arrivons sur la place où se trouvait le Dr Talland. C'est la place qui surplombe toute la plaine. Sur cette place, quatre canons allemands tiraient sur les Américains. Je me retrouvais là au milieu sans avoir peur. Dans ces moments-là, on n'a pas peur, la peur est dépassée.”

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La Croix Rouge
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La destruction de l’emblème nazi

Le Dr Angelin German fut également à l'initiative de la création du cimetière américain en hommage à tous ces hommes morts pour une terre qui n'était pas la leur :
“Le 15 août vers 12h30, on amène deux cadavres américains récupérés aux Selves, sans identité, à la clinique en face de la gare où se trouvait mon infirmerie clandestine.
Comme je ne savais quoi en faire, je me rends à la mairie.
On les a emmenés dans la salle des pas perdus du tribunal de grande instance.
Une chapelle ardente a été dressée et ils ont été veillés toute la nuit. J'ai demandé où je devais les mettre. J'ai choisi le site du cimetière actuel.
Le 16, on les a transportés à la main et enterrés à 11h30 selon le rite catholique.
On ne savait pas d’ailleurs s'ils étaient catholiques, protestants ou juifs.
Devant les deux cercueils, j'étais au milieu, Mlle Vidal d'un côté et Mme Cazelles de l'autre, on était les parents en quelque sorte. J'ai fait faire deux trous et on les a enterrés là.
Les 17 et 18 après l'arrivée des Américains, je l'ai signalé à leur commandement. Ils nous ont donné la permission de rassembler tous les cadavres américains de la campagne.
C'est pourquoi ce coin-là a été malheureusement habité par des centaines de cadavres américains morts pendant la campagne. Ils les ont enterrés là.
C'est devenu territoire américain une dizaine d'années après”.

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Le cimetière américain à l’époque                      Le cimetière américain de nos jours

Le cimetière renferme huit cent soixante et une sépultures surmontées de croix.
Ces croix représentent pour l’éternité le prix de vies sacrifiées pour cette terre qu’ils ont libérée. Elles témoignent à tout jamais d’un passé tragique qui restera gravé dans nos mémoires.
De 1940 à 1944, une grande partie du monde se livra à une guerre impitoyable contre l'Allemagne nazie, qui devait coûter des millions de morts.
La nature humaine est parfois incompréhensible.

L'abbé Boyer l’a-t-il cernée ?
“C'était les occupants, les ennemis, mais quand vous voyiez la ferveur avec laquelle ces hommes priaient, chantaient ! On se disait tout de même, que la guerre est une imbécillité puisque là, on peut se retrouver tous ensemble et qu'après on se déteste…”


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Dernière mise à jour le 26.01.2004 - Création : MODE Net'ment Multimédia - contact@mode83.net